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Régionalistes flamands : Ce qu’ils ambitionnent au-delà des municipales

L’avenir politique de la Flandre française se précise peu à peu. Victorieuses dès le premier tour dans une quinzaine de communes, et données gagnantes au second dans bien d’autres, les idées régionalistes semblent désormais s’installer dans le paysage du territoire. Fort des résultats obtenus lors de ce scrutin, ce courant politique, encore sous-jacent, pourrait prochainement s’assumer et affirmer des ambitions qui dépassent nettement le simple échelon communal.

Jusqu’ici, chaque élu régionaliste semblait simplement œuvrer dans son périmètre municipal, avec les moyens et compétences qui lui étaient alloués. Dans les communes déjà administrées par des élus assimilés au régionalisme lors de la dernière mandature (2014-2020), et parfois même avant, les conseils municipaux ont souvent voté des motions visant à promouvoir la langue et la culture flamande. Ce fut notamment le cas à Berthen, Cassel, Hondschoote, Saint-Jans-Cappel ou encore Steenvoorde (liste non-exhaustive), où ces décisions ont été largement approuvées par une population qui fut choquée lors de la suspension de l’enseignement de la langue régionale au sein des établissements scolaires.

Les intercommunalités en ligne de mire

Aujourd’hui, les candidats régionalistes voient plus loin. Confortés par l’adhésion qui leur est formulée, et galvanisés par le rejet de plus en plus formel exprimé envers ce qu’ils appellent « l’État jacobin » (le mode de gouvernance centralisé), et sa mauvaise approche des précédentes crises sociales et sanitaires, ces derniers se permettent donc désormais de dévoiler des ambitions claires à l’échelle de notre territoire.

S’ils ne s’expriment pas d’une seule voix, aucune figure n’ayant réellement émergé, leurs desseins sont, par contre, très identifiables. Outre les conseils municipaux, ils entendent également siéger dans les intercommunalités, que certains aimeraient voir fusionner. Au cours de la campagne électorale, plusieurs candidats aux élections municipales ont énoncé leur souhait de créer une communauté d’agglomération couvrant l’entièreté du Westhoek, par la fusion des communautés de communes de Flandre-Lys, Flandre intérieure et Hauts de Flandre. À ce sujet, nombre d’entre eux évoquent une volonté de « peser » face aux pôles urbains lillois et dunkerquois. Mais, dans les coulisses, les mêmes laissent supposer un « premier pas » vers la création d’une première entité territoriale flamande.

Le conseil régional et le rêve d’autonomie

Outre les communes et intercommunalités, des régionalistes se mettent à rêver plus grand. De Nieppe à Dunkerque, en passant par Hazebrouck, les mêmes lorgnent sur un pouvoir plus étendu : Le conseil régional des Hauts-de-France où, selon toute évidence, la majorité ne leur sera jamais acquise, et il leur faudrait certainement compter avec Xavier Bertrand, l’homme fort de cette institution, qui a déjà reçu des représentants associatifs du milieu flamand. Mais, pour ces hommes et ces femmes aux idées de droite, de centre et de gauche, et parfois même jusqu’à l’extrême-gauche, peu importe le nombre de conseillers régionaux pouvant être obtenus. Ce qui importe, c’est le symbole.

Durant ces dernières semaines, il est une autre chimère qui semble être née dans les esprits régionalistes : La création d’une entité autonome pour la Flandre française. Cette idée, déjà esquissée depuis 2018, a été récemment réitérée par Franck Dhersin. Pour le maire de Tétéghem – Coudekerque-Village (qui est également Vice-Président du conseil régional chargé des transports), il est temps de passer « le stade des constatations, pour en venir aux propositions ». Et des propositions, il en formule. Dans un tweet posté le 18 mai dernier, il a notamment évoqué l’instauration d’un « système des Länder », celui qui a cours en Allemagne, où chaque entité territoriale dispose de vastes pouvoirs législatifs et exécutifs. Le gouvernement entendra-t-il ces revendications ? Pas sûr.

Vers la création d’un parti régionaliste flamand ?

En effet, comme nous l’avons énoncé précédemment, le courant régionaliste flamand est victime d’un handicap ; le même qui a causé le semi-échec du mouvement des « gilets jaunes » entre 2018 et 2019, à savoir la non-représentation. En dehors de la formation progressive de l’Office régional de la langue flamande, aucune réelle entité politique ne rassemble les candidats issus de ce courant. Aucun parti, ni mouvement ou collectif n’a été mis en place.

S’il existe bien un « front de libération de la Flandre », ce dernier ne semble pas vraiment avoir de volonté électorale, ce qui rend les intérêts territoriaux presque invisibles dans les débats. Une dynamique semble néanmoins débuter en ce sens. En « régie », plusieurs candidats semblent réfléchir à la création future d’un parti ayant pour programme de remettre les problématiques de Flandre française au cœur de la vie politique. D’autres, évoquent plutôt un ralliement à « Régions et peuples solidaires », mouvement qui regroupe des autonomistes, régionalistes et indépendantistes de plusieurs régions françaises. Les élus flamingants auront-ils l’audace de s’engager dans cette voie ? Le futur mandat municipal, et les prochaines échéances électorales en seront juge.

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