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Vers un raz-de-marée régionaliste aux élections municipales en Flandre ?

Le conflit social qui oppose le gouvernement et ses opposants s’enlise, la tension reste vive, et la suspension de l’enseignement du flamand continue d’animer les débats. Représentée dans les actions et manifestations qui sont qui secouent la France depuis le mois de novembre 2018, la population flamingante du territoire de Flandre française entend désormais afficher sa présence, et saisir l’opportunité que lui offrent les élections municipales qui se tiendront les dimanches 15 et 22 mars.

Ces dernières années, dans le sillage des nouvelles idéologies politiques, un courant régionaliste, certes sous-jasent, semble s’organiser. Dans quelques communes déjà, dont Arnèke, Bailleul, Boëschèpe, Berthen, Cassel, Coudekerque-Branche, Dunkerque, ou encore Steenvoorde, des maires ont accédé à certaines revendications, souvent légitimes, portées par une partie de leurs administrés. Si, parmi ces dernières, la pose de signalétiques bilingues, la restauration, et l’étendue de l’enseignement de la langue régionale, l’apposition des emblèmes flamands sur des bâtiments officiels, ou encore le développement, et la gratuité des transports en commun, ainsi que la création d’un réseau cyclable sécurisé, sont celles qui ont rencontré le plus de succès, d’autres, comme la création d’une entité territoriale autonome, reviennent également dans la longue liste des doléances formulées par les flamands de France.

Alors que le scrutin approche désormais à grands pas, beaucoup ne cachent pas leur choix. Loin de la querelle partisane à laquelle se livrent certains candidats, les électeurs pourraient orienter leur vote en fonction des idées prônées par le courant régionaliste. Pour Nathan, habitant de Saint-Jans-Cappel (Westhoek), la sélection du bulletin est déjà effectuée, et s’est réalisée en faveur du maire sortant, César Storet. Celui qui a souvent œuvré pour la mise en valeur de l’identité flamande dans sa commune, a su s’attirer le soutien de l’électorat que certains médias qualifient de « nationaliste », bien qu’il regroupe l’ensemble des orientations politiques et partisanes traditionnelles :

« Je voterai pour le conseil municipal sortant, car je suis satisfait de son action, et que le maire a souvent œuvré à la préservation de notre identité flamande. La pose de signalisation bilingue a été très appréciée ici. »

Nathan, habitant de Saint-Jans-Cappel

Souhaitant s’exprimer au sujet de l’ensemble de la Flandre française, il nous a également soufflé quelques mots au sujet des discussions qu’il a pu avoir avec certaines de ses connaissances, ou ses proches. Il estime, comme la plupart des personnes interrogées, mais qui ne veulent régulièrement pas être mentionnées, que les avancées menées au cours du mandat qui s’achève, pourront en inspirer d’autres, qui seraient amenés à élire un maire sensible aux idées régionalistes :

« Je pense que les avancées menées lors des six dernières années dans certaines communes, pourront en inspirer d’autres. De nouvelles villes et villages pourraient certainement élire un maire attaché à notre territoire et ses spécificités. Nous pourrions alors peser dans les assemblées intercommunales, départementales, puis régionales, et ce que certains appellent la « question flamande » aurait enfin une réponse ! »

Nathan, habitant de Saint-Jans-Cappel

Sur la même lancée il suggère aussi, comme certains, que l’évocation de l’instauration d’un statut autonome, qui permettrait l’octroi d’un plus grand pouvoir décisionnel, serait une bonne chose pour la région frontalière : 

« Je suis favorable à la création d’une collectivité flamande. Cela nous permettrait de décider pour nous. A force de vouloir trop centraliser, on finit par oublier certains territoires. Ici, nous nous sentons quelque peu marginalisés. Les avancées déjà réalisées par les maires flamingants sont un bon début, mais il faut continuer. La Flandre peut décider pour elle-même, comme la Corse ! »

Nathan, habitant de Saint-Jans-Cappel

En cas de plébiscite pour l’idéologie régionaliste flamande, certains décideurs, qui ne semblent jusqu’ici pas enclins à ouvrir la discussion autour de certaines revendications, pourraient être forcés de faire des concessions. Une éventuelle « victoire » provoquerait donc une évolution, et défigerait une situation qui ne satisfait, à l’heure qu’il est, aucune des parties prenantes du litige qui oppose institutions étatiques et les flamingants, dont les sympathisants, réunis par une envie commune d’un profond changement, sont de plus en plus nombreux au cœur des territoires. Nul doute que les deux prochaines journées dominicales seront décisives pour l’avenir d’une population qui aspire à plus de reconnaissance, et d’autonomie.

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