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Présidentielles 2022 : En meeting à Lille, Jean-Luc Mélenchon veut croire en la victoire

Plus que jamais, les insoumis veulent y croire. Rassemblés mardi soir à Lille (Rijsel) autour de Jean-Luc Mélenchon, les partisans de l’« union populaire » voient déjà leur candidat entrer à l’Élysée. Dans la capitale des Flandres, où il était présent physiquement, l’enthousiasme était vif.

Adrien Quatennens et Ugo Bernalicis à l’offensive

Dès les premières minutes, le ton était donné. « Nous serons qualifiés pour le second tour », clame Adrien Quatennens, coordinateur de La France Insoumise. « Ce dimanche 10 avril sera un événement historique », ajoute-t-il ensuite. Face à lui, une foule de plus de 12.000 personnes lui répond sans hésitation. « On va gagner », hurlent militants et sympathisants qui ne contiennent pas leur émotion. « Oui, on va gagner. On va le faire », confirme celui qui est également député dans la première circonscription du Nord. « Nous sommes en campagne depuis seize mois. Et chaque jour, des milliers de citoyens nous rejoignent », détaille-t-il, avant de charger Emmanuel Macron et Marine Le Pen qu’il définit comme « deux faces d’une même pièce ». « Nous sommes la campagne la plus populaire », déclare-t-il au préalable.

Après avoir dénoncé l’« inaction climatique » pour laquelle l’État a été condamné, l’élu laisse alors la parole à Ugo Bernalicis. Celui qui est aussi député flamand dénonce la « brutalité commandée par le gouvernement » à l’égard des différents mouvements sociaux qui ont émergé en diverses circonstances au cours du mandat d’Emmanuel Macron. « Les régimes d’exception, ça suffit », déclare-t-il enfin, avant de s’adresser aux commentateurs qui dépeignent Jean-Luc Mélenchon en potentiel dictateur : « Ce que nous voulons, c’est défendre la liberté (…) et le respect des droits fondamentaux ». Et enfin de critiquer les lignes sécuritaires affichées par Valérie Pécresse ou Éric Zemmour : « La liberté, c’est la première des sécurités ».

Accompagné de Clémence Guetté, coordinatrice du programme l’Avenir en commun, Adrien Quatennens s’indignera ensuite des nouvelles réformes souhaitées par le Président de la République. « Repousser l’âge de départ à la retraite, c’est aussi aggraver le chômage », prévient-il, avant d’alerter les électeurs potentiels de la candidate du Rassemblement National. « Face à Emmanuel Macron, le vote Marine Le Pen est un petit pétard mouillé. Un coup d’épée dans l’eau », raille-t-il en la disant être « l’autre candidate des riches » : « Le Pen, c’est du Macron repeint en bleu marine ».

Considérant que « l’urgence sociale est maximale », la figure des insoumis exhorte les électeurs à se déplacer aux urnes pour glisser un bulletin en faveur de Jean-Luc Mélenchon. « C’est le bulletin qui permet d’empêcher que se referme une nouvelle fois (…) le piège Macron – Le Pen » décrète-t-il enfin, après s’être épanché sur une Cinquième République qu’il dit être « à bout de souffle » et avant de se prononcer encore au sujet du premier tour des élections présidentielles : « Si nous y arrivons ce dimanche, un autre monde est possible ».

« On va gagner »

© Gaël AUTIER / FLANDRE PRESSE

Près de vingt-cinq minutes après le début de la manifestation, Jean-Luc Mélenchon apparait souriant sur l’estrade installée à Lille Grand Palais. Une scène similaire se déroule également dans onze autres villes de France où le candidat de gauche apparait sous forme d’hologramme. « On va gagner », scandent simultanément les plus de 20.000 insoumis réunis en Flandre, en région parisienne, en Normandie ou encore en Savoie. Dans la foule, une ferveur générale s’empare de tous les spectateurs. « Nous sentons que la grande roue de l’Histoire et ses engrenages passent par nous », s’exclame l’ancien adhérant du parti socialiste. « La France qui se cherche, le peuple qui tâtonne regardent vers nous » dit-il ensuite pour évoquer de potentiels électeurs indécis ou abstentionnistes qui pourraient le rejoindre. Cette phrase qualifie également l’aile gauche et centrale d’un régionalisme flamand dont les partisans pourraient se reporter sur sa candidature. Dans le territoire de Flandre française, le rejet d’Emmanuel Macron, pareil à celui d’une Marine Le Pen ou d’un Éric Zemmour qui ne considèrent pas les langues et cultures minoritaires s’accentuent de jour en jour.

Pour se détacher des autres prétendants à la fonction suprême, l’insoumis entend incarner la rupture. Il appelle d’abord à « rompre politiquement » avec ce qu’il nomme « la monarchie présidentielle » et à ouvrir la voie vers « la souveraineté du peuple ». Après avoir dénoncé la « guerre abjecte » qui ébranle l’Ukraine, Jean-Luc Mélenchon étrille la « dévastation liée à la politique des libéraux », cette « voie absurde qui épuise les êtres humains et la nature ».

Le député marseillais a ensuite appelé à « rompre écologiquement avec le pillage et le saccage de la nature » en faveur de la recherche d’une « harmonie des êtres humains entre eux ». Une cohésion qui s’inscrirait aussi dans la rupture avec un « système fou qui veut tout transformer en marchandises » et « cette idée que les gens sont des choses qui peuvent se manier et que leur dignité résultera, peut-être, s’ils se tiennent sages, de la bonté de leurs maîtres ».

Face aux enjeux climatiques, « la route est toute fixée »

Dans le sillage des précédentes déclarations, celui qui semble désormais pouvoir accéder au second tour du scrutin a alerté sur un « changement climatique irréversible » et contre lequel « nous n’avons plus de temps à perdre ». L’ancien socialiste a vivement critiqué Emmanuel Macron et son « inaction devant le changement climatique » pour laquelle il a été condamné à deux reprises par la justice française.

Pour Jean-Luc Mélenchon, « la route est toute fixée ». « Il s’agit (…) par tous les moyens (…) de tenir coûte que coûte la feuille de route de l’accord de Paris » sur le climat, détaille-t-il enfin. Celui qui se voit déjà aux portes de l’Élysée souhaite que la France « soit à la hauteur du défi qui est lancé à l’Humanité ». Afin de répondre à ce défi, le potentiel futur Président de la République appelle à rassembler tout ce qui peut l’être pour « lever les moyens matériels » qui le permettraient. Les principaux objectifs fixés résident notamment dans « la planification écologique », d’importants changements sociétaux, le développement d’énergies vertes, mais également par la sortie du nucléaire. « Le moment est venu d’en sortir », déclare celui qui tance un mode de production « trop dangereux ».

Jean-Luc Mélenchon en altermondialiste

Évoquant encore la situation internationale, le candidat de l’« union populaire » dit vouloir faire de la France un pays « non-aligné ». « Cela n’a jamais voulu dire neutre », déclare-t-il cependant, avant de dire que sa diplomatie n’acceptera « jamais » l’invasion de l’Ukraine, « ni les crimes qui s’y commettent » sous l’autorité de Vladimir Poutine. Les détracteurs qui le qualifient de « poutinolâtre » ne pourront, cette fois, que difficilement reprendre cet argument à l’avenir. Ces derniers continueront toutefois de l’attaquer sur ses desseins altermondialistes. Une notion « plus que jamais nécessaire » pour l’homme qui ne veut plus que la France passe pour « le bagage accompagné de l’armée américaine ».

« Choisissez en conscience »

Outre ces deux thèmes importants, le tribun s’est employé à commenter les programmes de ses deux principaux adversaires, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Revenant sur divers sujets tels que l’enseignement, les maltraitances faites aux personnes âgées dans les EHPAD, la cause animale ou le pouvoir d’achat, Jean-Luc Mélenchon a dépeint une candidate d’extrême-droite « totalement éloignée des préoccupations les plus élémentaires » de la population. « Elle ne connaît rien au peuple », charge-t-il en reformulant son engagement à « bloquer les prix des produits de première nécessité dès le lendemain » de la passation de pouvoirs. Finalement, l’insoumis s’est attaqué une dernière fois au Président de la République qu’il accuse de « mépris de classe » et de vouloir « envoyer des enfants de douze ans en apprentissage ». Une affirmation réfutée par un chef de l’État dont la réponse ne convainc pas.

En conclusion d’un discours de plus d’une heure, celui qui veut incarner la rupture a appelé à la mobilisation. « Choisissez en conscience et convainquez autour de vous », demande-t-il à ses partisans. « Nous sentons notre destin au bout des doigts, nous pouvons porter la plus incroyable bifurcation politique qu’ils puissent imaginer », lâche-t-il finalement. Son appel sera-t-il entendu ? Une première réponse sera connue le soir du dimanche 10 avril, lorsque les résultats du premier tour des élections présidentielles seront connus.

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