PAYS DE FLANDRESOCIÉTÉ

Société : Alors que la Catalogne s’embrase, la Flandre française s’interroge sur elle-même

C’est désormais une question qui taraude de nombreuses personnes. Depuis quelques jours, plusieurs villes de Catalogne (dont Barcelone et Tarragone) sont le théâtre quotidien d’émeutes et de scènes s’apparentant à une guérilla urbaine. Cela est dû à la condamnation récente de neuf personnes politiques catalanes qui ont joué un rôle dans la crise majeure qui avait déjà opposé les indépendantistes au pouvoir espagnol en octobre 2017, lorsqu’un référendum, réprimé par Madrid, s’était tenu en vue d’une auto-détermination de la première région économique espagnole.

Hier, vendredi 18 octobre 2019, de nouvelles images d’affrontements et de violences qui avaient lieu à Barcelone ont été relayées dans le Monde entier par plusieurs médias dont Russia Today et Brut, ainsi que plusieurs chaînes de télévision. A l’issue d’une manifestation, qui accompagnait le mot d’ordre de grève générale, qui avait rassemblé plus de 500.000 personnes dans les rues de la capitale catalane, de nombreux manifestants se sont opposés aux forces de l’ordre jusque tard dans la nuit.

Dans la région flamande, mais plus particulièrement à Lille, ces événements toujours en cours évoquent et ressassent plusieurs journées qui ont marqué les esprits de la population entre fin 2018 et début 2019. Durant cette période, les manifestations de « gilets jaunes » et de régionalistes flamands qui réunissaient plusieurs milliers de personne chaque samedi ont été régulièrement émaillées par de larges débordements. Des barricades ont alors souvent été érigées et des poubelles enflammées dans plusieurs quartiers de Lille recouverts par des nuages de gaz lacrymogènes, dont l’usage a parfois été abusif, notamment à l’égard de la presse indépendante, et particulièrement depuis la prise de fonction de Jean-François Papineau au poste de directeur départemental de la sécurité publique du Nord. Ses unités sont notamment impliquées dans une affaire que l’on ne présente plus, celle qui est appelée « Quai du Wault ». Le thème des « violences policières » avait alors été le moteur d’un regain de mobilisation à la suite de cela.

Le régionalisme flamand de retour sur le devant de la vie politique ?

Aujourd’hui, alors qu’elle semblait s’apaiser depuis la fin du printemps, la tension électrise à nouveau peu à peu la Flandre française. La suspension de l’enseignement du flamand dans les établissements scolaires publics et la réforme des retraites souhaitée par le gouvernement français pourraient contribuer à opérer une nouvelle jonction des colères dans un territoire où la minorité flamingante regrette d’être victime d’un certain manque de considération et de reconnaissance aux yeux de l’état, ce qui semble aggraver progressivement une certaine rupture avec l’institution étatique.

Néanmoins, s’ils n’ont pas ostensiblement appelé à l’organisation immédiate d’actions et de manifestations dans l’immédiat, des régionalistes flamands pourraient donc de nouveau s’immiscer dans les cortèges de contestation sociale qui devraient défiler dans les rues à compter du jeudi 5 décembre. Ce jour, déjà annoncé comme celui d’une certaine convergence entre plusieurs corps de métiers et plusieurs organisations syndicales et politiques françaises, serait alors aussi celle du regroupement entre éléments qui ne s’accordent habituellement pas, même au niveau local. L’opposition formerait alors un bloc complet et très hétéroclite inédit dans la région.

Toutefois, il reste encore prématuré d’estimer l’étendue de la mobilisation du mouvement régionaliste dans le déroulement de la nouvelle crise sociale annoncée. La main tendue par plusieurs organes politiques locaux à ces mêmes régionalistes n’ayant pas encore été suivie de réponse.

Si Président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui contribue à la création de l’Office Régional du Flamand-Occidental, semble avoir vraiment pris en considération les souhaits de la population du Westhoek en adressant des courriers à l’Education Nationale, la méfiance reste majeure envers le système politique français et les velléités de cette figure de la droite qui pourrait apparaître en candidat potentiel en vue des prochaines élections présidentielles.

« C’est un calcul politique flagrant. Il veut devenir Président de la République en séduisant certaines populations, avant de conduire une toute autre ligne politique »

Certains habitants, qui n’excluent pas de participer aux manifestations annoncées durant l’hiver, fustigent aujourd’hui ce qu’ils considèrent comme une preuve d’opportunisme. La situation, restée figée depuis l’été, pourrait alors évoluer, dans un bon comme dans un mauvais sens. Le thème devrait également être repris lors des élections municipales prévues au mois de mars 2020.

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