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Société : Après l’arrestation de deux étudiants en journalisme jeudi, la colère monte contre les dérives de la police

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Les deux étudiants en journalisme, interpellés jeudi, puis relâchés vendredi midi, ont donné une conférence de presse, vendredi soir. / Photo : Gaël Autier

Informer n’est pas un délit. Tels sont les propos largement repris par de nombreux aspirants-journalistes et membres éminents de la profession. Depuis l’interpellation de deux étudiants en journalisme, en marge d’une manifestation, jeudi 12 décembre, la polémique enfle et les pratiques d’agents des forces de l’ordre lilloises, pointées du doigt.
Dans les rédactions et les équipes travaillant pour des médias indépendants, l’inquiétude, déjà très présente depuis plusieurs mois, grandit sensiblement. Lors de la conférence de presse donnée vendredi soir par Baptiste Hermant et Quentin Saisons, tous deux étudiants de l’ESJ de Lille, celle-ci était palpable et les mots étaient forts : « Il faut se battre pour informer » 
Pendant près d’une heure, les deux jeunes hommes ont décrit les faits, tels qu’ils sont confirmés par plusieurs vidéos et témoignages. Tout a débuté dans le centre-ville de Lille, Place Richebé, lorsque Baptiste Hermant, qui photographie une arrestation musclée, est interpellé et plaqué au sol par plusieurs policiers, avant qu’il ne soit conduit dans une camionnette qui prendrait bientôt la route vers le commissariat central. L’étudiant en deuxième année de licence explique alors avoir été insulté par des agents, notamment de « Fils de pute », avant d’évoquer des intimidations et menaces proférées tout au long du trajet. Lors de son arrivée dans les locaux de la police lilloise, le motif de sa retenue lui sont alors notifiés. Il est accusé d’avoir insulté ou violenté un policier, ce qu’il conteste énergiquement.
Juste après, Quentin Saison, membre du collectif Gerda et de l’agence Hans Lucas, énonce à son tour les circonstances de son arrestation. Cette fois, cela s’est produit un peu plus tard, en début de soirée, devant le poste de police où son camarade était retenu. Le jeune homme, qui participait à un rassemblement de soutien, avec plusieurs dizaines de personnes, aux cris d’« informer n’est pas un délit », a été interpellé pour ne pas avoir quitté les lieux après des sommations émanant des forces de l’ordre.
En conclusion de la réunion, qui s’est déroulée en petit nombre, certains médias ayant choisi de ne pas y présenter de journaliste, bien qu’ils restent déterminés à « rester sur le terrain » pour « continuer à montrer ce qu’il se passe pendant les mouvements sociaux », les deux photojournalistes ont insisté sur leur émoi à propos de la liberté de la presse qu’ils estiment « clairement remise en question en France » .

Les atteintes à la liberté de la presse se multiplient à Lille

Aujourd’hui, le travail des journalistes, fustigés par certains manifestants, l’est tout autant par certains agents de police ou de gendarmerie qui n’hésitent plus à exercer une violence verbale, physique et psychologique à leur égard, est parfois rendu dangereux. Dans la capitale des Flandres, le sentiment d’insécurité, et la préoccupation, s’étendent. Depuis quelques mois, et plus particulièrement après l’éclatement du mouvement des « gilets jaunes », les atteintes à la liberté de la presse se sont multipliées. Ce fut notamment le cas lors de la prise à partie d’un de nos journalistes, Kévin Piotrowski, qui couvrait un rassemblement, le samedi 29 juin, ou plus récemment, lorsque des reporters ont été violentés, mardi 10 décembre, au niveau du théâtre Sébastopol, là-encore, en marge d’une manifestation contre la réforme des retraites.
Afin de protester contre ces récents événements, les élèves de quatorze écoles de journalisme reconnues en France, vont s’associer, lundi 16 décembre, dans une démarche commune. Des photos d’étudiants manifestant dans leurs campus seront envoyées au Ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Mardi 17 décembre, les journalistes et étudiants en journalismes de Flandre sont invités à se rassembler en matinée sur la Place de la République, à Lille, pour exprimer leur colère fasse à ces dérives autoritaires, qui remettent de plus en plus en question la liberté de la presse, pourtant essentielle au maintien d’une démocratie.

Publié le 14/12/2019 – 23:38
Par : Gaël Autier, Kévin Piotrowski
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