Conformément aux appels formulés par des collectifs et organisations syndicales, lycéens et étudiants étaient bel et bien mobilisés dès les premières heures du jour à Lille et dans sa banlieue contre les réformes du lycée et de l’université voulues par le président français. A contrario, l’appel a été moins bien entendu par les professeurs et enseignants-chercheurs qui ont finalement été peu nombreux à se mettre en grève.
Chronologie d’une matinée relativement calme …
Les étudiants de l’université de Lille 3 dont le campus est situé dans le quartier du Pont-de-Bois à Villeneuve d’Ascq étaient bien mobilisés ce matin dès les environs de sept heures et ont bloqué tous les accès à la faculté durant un peu plus d’une heure, avant que des agents de la voirie et des policiers ne démantèlent la barricade qui était disposée au niveau de l’entrée principale du complexe, les forçant à reculer et à filtrer les entrées non-loin de la bibliothèque universitaire.
Ensuite, la cinquantaine de protestataires s’est rendue dans les bâtiments A et B, faisant le tour des nombreux amphithéâtres où se déroulaient les cours, perturbant ceux-ci pour exposer leurs revendications et demander aux élèves de les rejoindre dans leur lutte aux cris de « Lille 3, debout, soulèves-toi ! » et de « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! ».
A la mi-journée, deux heures après avoir dressé une nouvelle barricade dans le hall du bâtiment A de l’université, certains étudiants se sont mis à manger et à boire, enjoignant leurs camarades à cesser d’aller en cours, tout comme le faisaient déjà quelques rares enseignants-chercheurs qui n’assuraient pas leurs cours et qui accompagnaient leurs élèves.
Néanmoins, si les réformes voulues par le président français Emmanuel Macron ne font pas l’unanimité, les méthodes employées durant la matinée sur le campus de l’université de Lille 3 n’ont pas, non plus, convaincu l’ensemble des étudiants, surtout dans les amphithéâtres où les cours étaient données et où l’on a pu entendre quelques jeunes protester contre les perturbations des cours, tandis que d’autres quittaient leurs places et rejoignaient les manifestants, ce qui a parfois fait monter la tension entre étudiants, provoquant aussi un agacement de la part de certains enseignants-chercheurs, quand ces derniers n’invitaient pas leurs élèves à rejoindre le mouvement de protestation contre les réformes de l’accès à l’université et celle du baccalauréat.
… et d’une après-midi agitée.
En tout début d’après-midi, peu après quatorze heures, une soixantaine de manifestants, rejoints par quelques élèves de l’université de Lille 2 et de quelques lycées de Lille se sont élancés du campus du Pont-de-Bois en direction de la station de métro éponyme, y perturbant le trafic par la même occasion, en empêchant les portes de se fermer aux stations suivantes, avant de gagner le centre de la capitale des Flandres via la station République – Beaux Arts située en face de la préfecture du département du Nord.
Si le début de la manifestation n’a pas été la source de quelconques débordements, les esprits se sont échauffés progressivement au fil des minutes et des rues qui défilaient au cours du rassemblement qui a regroupé près de cinq-cent personnes venues de plusieurs lycées et facultés de la région dans les rues de Lille aux cris de « Lille, debout, soulèves-toi » ou encore « Macron démission ». C’est après une heure de marche que plusieurs groupes d’agitateurs qui s’étaient immiscés dans le cortège ont mené plusieurs dizaines de manifestants hors du parcours déclaré, non loin du siège local du Parti Socialiste, avant de disparaître à l’arrivée de la police qui a forcé les protestataires à regagner la Place de la République où une charge a été menée.
Dans le même temps, aux alentours de seize heures, un autre groupe de manifestants a tenté de faire irruption dans Science Po Lille, non-loin de la Place de la République, au niveau de la Place Georges Lyon située à près de cinq cent mètres de là. Les CRS et la brigade équestre étant rapidement intervenue sur les lieux à l’appel de la direction de l’établissement, seuls une vingtaine de personnes n’ont pu y entrer avant d’y être cantonnées durant plusieurs dizaines de minutes, tandis que le reste du groupe, une trentaine de personnes sont restées regroupées devant le bâtiment dont l’accès est resté cerné, avant une première sommation de la part des forces de l’ordre et l’interpellation de deux membres de la jeunesse communiste qui ont ensuite laissé sortir les étudiants qui se sont dispersés dans toutes les directions.
D’autres actions à venir ?
Au cours d’une assemblée générale tenue ce jeudi à la mi-journée, les leaders du mouvement parmi lesquels l’Unef et la France Insoumise sont représentés, ont appelés à de nouvelles journées d’actions samedi 3, lundi 5 et mardi 6 février 2018 à la faculté de Lille 3 puis dans les rues de la capitale des Flandres où étudiants et lycéens sont à nouveau appelés à manifester leur mécontentement sur une forme de sélection à l’entrée de l’université.
Et en France ?
En France métropolitaine, plusieurs autres lycées et universités ont subis des blocages, notamment à Paris et Toulouse, mais également dans d’autres grandes agglomérations où les rassemblement ont réunis plusieurs milliers de personnes dans tout le pays, ce qui est peu comparé aux dernières manifestations nationales contre la réforme du code du Travail. Néanmoins, ce mouvement n’en est qu’à son début et il est encore prématuré de dire s’il s’estompera rapidement ou non.
Publié le 01/02/2018 – 20:56
Par : Gaël Autier |
Mis à jour le 01/02/2018 – 21:06
Par : Gaël Autier |