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Politique : En Flandre, le « discours d’apaisement » d’Emmanuel Macron finit d’exacerber les tensions latentes

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La tension devrait se raviver rapidement en Flandre. / Photo : Gaël Autier
L’attente était grande, la déception l’est aussi. Jusqu’à vingt heures, mardi 31 décembre 2019, l’annonce d’un « discours d’apaisement », que l’Elysée a énoncé samedi dernier, a nourri les espoirs dans de nombreux points du pays. Ce fut le cas jusqu’en Flandre, où le scepticisme et la réserve étaient également très diffus. C’est finalement la colère qui s’est manifestée.
Pendant près de 20 minutes, les regards et l’ouïe de milliers de personnes étaient portés sur les écrans et les postes de radio. Depuis son palais parisien, le Président français, Emmanuel Macron, s’est adressé à l’ensemble des français, citant ses compatriotes de métropole et d’outre-mer. Avant de revenir sur les événements marquants de l’année écoulée, il a fait mention des corporations mobilisées pour que les festivités de la nouvelle année se déroulent sans accrocs majeurs (militaires, forces de l’ordre, pompiers, personnels hospitaliers ou encore membres des milieux associatifs).
Les espérances se sont rapidement réduites, lorsque le chef de l’Etat n’a pas hésité à se congratuler en évoquant le mouvement des « gilets jaunes » et la période d’instabilité qui se poursuit encore aujourd’hui : « Avec le grand débat national, face aux colères exprimées par le mouvement des gilets jaunes, nous avons su instaurer un dialogue respectueux et républicain, sans précédent dans une démocratie, et prendre des décisions marquantes ». Dans le même élan, il a ensuite dressé un bilan plutôt favorable de la ligne politique qu’il suit, avec son gouvernement, depuis son accession au pouvoir en, mai 2017, soulignant que le pays « n’avait pas connu un tel élan depuis des années », et réaffirmant que « plus de 500.000 emplois ont été crées » depuis cette même date, citant un chiffre très contesté.

Aucune concession sur la réforme des retraites

Ses opposants et détracteurs, tout comme les observateurs, ont ensuite gardé, à minima, une certaine espérance jusqu’au moment où Emmanuel Macron se mit à discourir à propos de la réforme des retraites et du conflit social qu’elle génère. Pour le locataire du 55 Rue du Faubourg Saint-Honoré, le projet porté par l’exécutif doit être mené et « sera mené à son terme », bien qu’il tende une main à ses adversaires, demandant à ce que la situation s’apaise par la recherche d’un « compromis rapide » devant être trouvé en compagnie des « organisations syndicales et patronales qui le veulent ».

Le conflit social va se poursuivre au niveau national

Cette sollicitation dirigée vers les partenaires sociaux ne constitue toutefois pas une ouverture vers un quelconque recul de ses positions sur ce sujet. En effet, bien que le souhait de compromis soit clairement énoncé, les grandes lignes de cette réforme, qu’il vante comme un « projet de justice et de progrès social » et d’« universalité », ne seront pas modifiées : « Je veux vous assurer que je ne céderai rien au pessimisme et à l’immobilisme ». La main est tendue, mais la discussion n’est pas vraiment possible, et le bras de fer engagé depuis le jeudi 5 décembre dernier devrait, sauf surprise, se poursuivre.
Espérant probablement réduire l’ampleur de la journée de grève générale du jeudi 9 janvier, qui s’annonce massive, le Président a dit souhaiter débuter une « politique ambitieuse », qui serait à l’origine d’une « revalorisation » et d’une « transformation des carrières » des personnels enseignants de l’Education Nationale et des milieux de la santé, où le malaise est grandissant.

Regain de tension en Flandre ?

Enfin, faisant une allusion claire au communautarisme, il s’est dit préoccupé par la présence de « forces qui minent l’unité nationale », annonçant que de « nouvelles décisions » seraient prises « dans les prochaines semaines ». Le monologue s’est finalement conclu par une courte évocation des enjeux écologiques qui s’imposent, affirmant attendre grandement des propositions que doit lui remettre prochainement un comité composé de 150 personnes tirées au sort.
Dans la communauté flamingante, comme au sein de la population flamande, la consternation est, là-encore, totale. Les mots employés par le dirigeant français sont souvent jugés offensants. Mercredi matin, de Lille à Dunkerque et de Douai à Hazebrouck, les propos étaient forts pour dénoncer « un apaisement au lance-flammes ». Les prochaines journées d’actions et de manifestations devraient être particulièrement suivies dans la région, où les cortèges syndicaux seront grossis par la présence de régionalistes et les tensions qui y règnent pourraient être ravivées. L’attention se porte désormais sur la journée du 9 janvier, au cours de laquelle plusieurs milliers de manifestants, potentiellement jusqu’à 25 à 30.000, sont attendus dans les rues de la capitale des Flandres, à Lille. Des rassemblements sont également prévus à Douai et Dunkerque.

Publié le 01/01/2020 – 21:20
Par : Gaël Autier
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