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Mobilité : Quelles solutions pour désenclaver les territoires flamands excentrés ?
Alors que le gouvernement français doit s’exprimer demain, mardi 27 novembre 2018 au sujet de mesures destinées à parer la gronde populaire qui concerne également largement la région, il est désormais temps de nous concentrer sur les territoires ruraux ou urbains excentrés qui ne se retrouvent pas dans la politique de mobilité appliquée par les gouvernements successifs qui les ont laissés à l’écart des réseaux autoroutiers et ferroviaires régionaux et nationaux.
De prime abord, lorsque l’on découvre les statistiques, la région flamande, peuplée de près d’environ 1 860 000 habitants répartis sur une superficie d’environ de 2.849 kilomètres carrés découpés en 296 communes est très bien desservi par les réseaux de transports qui permettent à leurs usagers d’effectuer rapidement leurs trajets
Seulement, lorsque l’on réalise quelques simples calculs basés sur les derniers recensements de population et la superficie des deux grands ensembles territoriaux qui composent la partie française de la Flandre, des disparités apparaissent très rapidement.
Deux territoires bien différents, très inégaux
Administrativement et topographiquement, la Flandre française est constituée de deux grands essembles de territoires.
Dans la partie sud, la Flandre romane, région d’une superficie de 1 405,22 km², peuplée de près de 1 479 272 personnes, est le territoire le moins grand, mais le plus peuplé et où la population est la plus dense avec 652 personnes au kilomètre carré. Les habitants de ce territoire bénéficient d’un réseau autoroutier et ferroviaire très dense. Pour exemple, cinquante-sept gares sur soixante-quinze gares, haltes ou points d’arrêt sont situées sur ce territoire fortement peuplé et très densifié, desservi par de nombreuses lignes ferroviaires régionales, nationales et internationales.
Toutefois, à l’intérieur même de cette région, des disparités existent également. Cela se révèle notamment dans la partie basse de la vallée de la Lys, à la limite avec la Flandre belge, où seules des routes départementales permettent de rejoindre les agglomérations principales, telles que Armentières, Lille ou encore Roubaix et Tourcoing. Dans la même région, les lignes ferroviaires ont été progressivement fermées entre 1971 et 1991 ou les trains ont été ralentis, faute de travaux nécessaires au maintien de leur circulation normale, comme il est le cas pour la ligne reliant Lille à la ville de Comines qui pourrait fermer en 2019, similairement à celle qui relie Orchies à la gare d’Ascq, fermée depuis 2015 en raison du mauvais état des infrastructures.
Ces fermetures de ligne ont pour cause évidente de reporter de nombreux voyageurs sur les axes routiers déjà souvent très surchargés et irrégulièrement entretenus.
Un peu plus au nord, le Westhoek, peuplé de 378 645 habitants répartis sur une superficie de 1.443 km², est le territoire le plus grand de Flandre française, mais aussi le moins peuplé et le moins densifié, puisque l’on relève environ 262 habitants au kilomètre carré.
Au cœur de ce territoire, seules dix-huit gares permettent aux passagers d’emprunter les cinq lignes ferroviaires le traversant et certaines ne sont desservies qu’à de rares reprises et uniquement dans la semaine, obligeant bon nombre de voyageurs à emprunter, là-encore, leur véhicule personnel, afin de se déplacer ou de joindre l’une des rares autres gares, haltes ou stations dont la plupart ne sont pas dotées de guichets ou d’automates permettant l’achat de titres de transports.
Dans ces mêmes 111 communes, en dehors des quelques villes les plus peuplées, situées autour de Dunkerque, les lignes d’autocar censées faciliter les déplacements voient leurs tarifs augmenter régulièrement et leurs dessertes se réduire, comme il en est sur le réseau de la SNCF, notamment en vallée de la Lys et sur le littoral où, à titre d’exemple, la ligne reliant Merville à Armentières a fermé pour les voyageurs à la fin des années 1990 et celle qui permettait de relier Furnes à Dunkerque l’a été en 2002, rompant toute relation ferroviaire entre la Flandre française et la Flandre belge, en dehors de la ligne permettant la jonction entre Lille et Mouscron et Anvers.
Vous l’aurez bien compris, bien qu’il soit doté d’une autoroute permettant de relier Lille à Dunkerque et d’un axe autoroutiers longeant le littoral entre Calais et Furnes, le Westhoek reste aujourd’hui la partie flamande la plus enclavée, le relief situé au centre du territoire n’aidant pas.
Quelles solutions ?
Après étude de cartes de densité et de topographie du territoire flamand, plusieurs solutions pourraient se dégager largement, afin de réduire l’enclavement de villes qui sont parfois totalement déconnectées du reste du territoire.
Dans un premier temps, l’axe routier permettant aux automobilistes de rallier la ville portuaire de Boulogne-Sur-Mer (Pas-de-Calais) à Lille (Flandre) pourrait être entièrement converti en voie express, comme il est demandé depuis plusieurs dizaines d’années par les riverains de la départementale 642, axe très fréquenté, et qui voient les projets de doublement ou de contournements sans cesse repoussés, faute d’allocation de moyens budgétaires de la part de l’état qui a transféré l’ex-nationale 42 au département en 2006. Depuis, si les communes de Borre et de Pradelles ont été contournées par une voie express en 2014, seul le tronçon déviant le tracé de la ville voisine de Strazeele, ouvert en 1997 a été construit et est aujourd’hui rompu par un rond-point, alors qu’un diffuseur dénivelé a été construit à quelques centaines de mètres de là.
Contrairement à la politique du gouvernement français qui vise à fermer près de 9.000 kilomètres de lignes ferroviaires, beaucoup d’habitants enclavés dans la vallée de la Lys et n’ayant pour alternative à la voiture, une ligne d’autocar permettant de rallier Armentières ou Lille, seraient favorables à la réouverture de la ligne ferroviaire reliant Merville à Armentières et la rénovation de la ligne reliant Lille à Comines. Dans le même temps, le pont permettant de franchir la Lys et de relier la gare française de Comines à la gare belge de Komen permettrait aux deux parties de la ville de se rapprocher. Toutefois, ceci n’étant pas inscrit dans les nouvelles conventions « transport » signées par les instances territoriales actuelles, il est inutile d’affirmer que cela verra le jour.
Concernant toujours le réseau ferroviaire, le maintien de la ligne ferroviaire à grande vitesse permettant aux habitants du Westhoek de rallier la capitale française au-delà de 2019 ne devrait pas enclaver davantage cette région qui voit ses services publics et moyens de transport collectifs se réduire d’années en années, laissant bon nombre de personnes sans autre alternative que la voiture, la pratique du vélo étant très dangereuse sur certaines routes où en l’absence d’aménagements cyclables corrects et en raison du fort trafic routier, cette dernière est parfois mortelle.
En résumé, si les infrastructures actuelles permettent aux habitants de se déplacer, leur manque récurent d’entretien, de rénovation ou de prolongation vers des territoires reculés ou excentrés et victimes de « l’effet tunnel », ne leur permet pas d’être réellement efficaces et d’écouler parfaitement le flux des voyageurs, sur routes comme dans les transports en commun qui sont victimes d’engorgements quotidiens, comme c’est le cas pour l’autoroute A25 qui est très chargée aux heures de pointe, entre Nieppe et Englos où chaque chaussée ne dispose que de deux voies de circulation ou encore au niveau de gares ou haltes ne disposant pas de parkings ou d’équipements pour acquérir un billet, freinant d’autant plus l’utilisation du train dont les lignes et diversité des dessertes proposées se raréfient encore de nos jours. L’usage du vélo peut également être problématique, dans la mesure où la plupart des axes routiers ne disposent pas de pistes cyclables réellement séparées de la chaussée ou de signalétique permettant aux cyclistes de se repérer.
Si les taxes sur les carburants ne posent pas réellement problème aux flamands de France qui peuvent aller s’approvisionner en Belgique, le manque d’aménagements et d’entretien des infrastructures est aussi l’une des raisons pour lesquelles le mouvement de contestation des « gilets jaunes » n’a pas grand peine à se répandre au sein de la population qui se sent également lésée par de nombreuses années durant lesquelles les gouvernements successifs se sont concentrés sur les grandes métropoles et les réductions des subventions et financements dont les territoires ruraux et péri-urbains ont besoin.
Il faudra sans doute plusieurs dizaines d’années pour réduire ou reboucher totalement la faille qui s’est creusée entre les zones urbanisées et les territoires ruraux, mais aussi avec certaines régions où le séparatisme et les extrémismes sont parfois omniprésents.
Publié le 26/11/2018 – 20:08
Par : Gaël Autier
Par : Gaël Autier