Il y a quelques semaines, au début du mois d’août, Dany Boon, Line Renaud et d’autres acteurs ont brièvement tourné dans un film de comédie nommé « La jolie ch’tite famille » dans lequel un designer issu d’une famille ouvrière du Nord cache ses origines qui devrait sortir le 28 février prochain, un événement qui en a réjoui plus d’un, mais qui a également soulevé des interrogations au sein de la population d’Oudezeele où a eu lieu le tournage et de la population flamande dont une partie s’estime stigmatisée et dépeinte.
En effet, si une partie de la population salue le « retour » de deux acteurs armentièrois aux sources et le fait que Dany Boon n’ait pas « oublié » ses origines nordistes, une autre frange de la population s’estime stigmatisée au travers du langage patois dont l’accent des personnages du film est accentué (langue parlée dans le bassin minier [Territoire situé entre Béthune (Pas-de-Calais), Lens (Pas-de-Calais), Douai (Nord), Valenciennes (Nord) et Charleroi (Wallonie, Belgique)] et non en Flandre [Territoire étendu sur trois pays dont la partie française situé entre Dunkerque (Nord), Lille (Nord) et Douai (Nord)] où la langue régionale reconnue est le flamand et où la culture est différente que dans le reste de la région Nord-Pas-de-Calais dont les habitants sont souvent appelés à tord « les ch’tis » depuis la sortie en 2008 du film « Bienvenue chez les ch’tis » tourné à Bergues (ville fortifiée située dans la région flamande et non dans le bassin minier).
Des flamands rencontrés aux abords des lieux du tournage du film évoquaient également des inquiétudes quant à une « dégradation » de l’image de leur territoire, déjà qualifié de « ch’ti » depuis « Bienvenue chez les ch’tis » ainsi que de la culture flamande qui n’est selon eux, pas mise en avant, comme nous l’expliquait un homme d’une soixantaine d’années qui ne voyait pas d’un très bon oeil le retour des équipes de Dany Boon en Flandre.
Monsieur Dany Boon est originaire d’Armentières, une ville flamande, il devrait savoir que le territoire flamand n’a pas de similitudes avec le bassin minier. De plus, ici, même si la langue majoritaire est le français, certains parlent encore le flamand, langue parfois même enseignée dans les établissements scolaires et de plus en plus présente sur la signalisation qui devient progressivement bilingue, notamment grâce à la charte « Oui au flamand » signée par de plus en plus de communes, notamment dans l’arrondissement de Dunkerque (où se trouve Oudezeele, commune où a été tourné la « ch’tite famille ») et non le ch’ti, langue qui est bien parlée dans le Nord-Pas-de-Calais, mais pas en Flandre. Cette stigmatisation humoristique d’une région entière n’est pas appréciable.