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Quel avenir pour la D642 entre Bailleul et Hazebrouck ?

Dans la région flamande, rares sont ceux qui ne la connaissent pas. Seul lien routier direct entre la métropole lilloise, l’Audomarois, la côte d’Opale et la Normandie, la D642 est l’un des axes les plus empruntés de Flandre. Supportant un trafic quotidien de plus de 15.000 véhicules, dont près de 1.500 à 2.000 poids-lourds, cette route est tantôt évocatrice de dramatiques accidents, ou d’un cauchemar pour ses riverains qui vivent au rythme du passage des camions.

Des projets qui n’aboutissent pas, des victimes qui s’additionnent et une Flandre intérieure excentrée

Au cours des dernières décennies, les projets de contournements, déviations et transformations ne manquent pas. Mais aujourd’hui, ce ruban de bitume long de plus de 27 km ne comporte que six kilomètres d’itinéraire de voie express, ce qui est peu.

En février 2019, la mort d’une fillette, écrasée par un poids-lourd à Renescure avait suscité l’émoi et conduit les habitants de Wallon-Cappel, Ebblinghem et Renescure à alerter sur la situation que connaissent ces trois localités. Face à cela, la Préfecture a interdit la circulation de certaines catégories de véhicules à grands gabarits entre Hazebrouck et Renescure, mais cela n’allège que peu le trafic incessant.

Récemment, le conseil départemental s’est à nouveau emparé du dossier, avant d’annoncer une potentielle mise en chantier d’un tronçon neuf les évitant à l’horizon 2030.

Outre ces trois villages dont la traversée est problématique, il existe également un autre endroit où circuler et vivre le long de cet axe reste dangereux. Nichée au cœur de la Flandre intérieure, Hazebrouck reste aujourd’hui en marge. Bien que bordée par la D642, qui la relie à Saint-Omer, mais également à l’autoroute A25, la ville de 21.441 habitants est toujours excentrée par rapport aux principaux pôles urbains et économiques du territoire. Afin d’y remédier, le département du Nord envisage l’engagement d’un vaste chantier. Avant d’évoquer la solution apportée, nous allons nous pencher sur la situation actuelle.

Un aménagement incomplet

A l’ouest de Strazeele, un rond-point provoque une rupture de continuité de la voie expresse. / Photo d’archives : Gaël Autier

Si la mise en service de la rocade de Borre et de Pradelles, intervenue en 2014, a permis de réduire le temps de trajet et supprimer tout risque important d’accident dans ces deux villages, la voie express ne va pas bien loin. Après avoir roulé sur une voie rapide sur 4 km, les automobilistes débouchent ensuite sur un rond-point. Ce dernier, construit lors de la mise en place de la déviation de Strazeele, à la fin des années 1995, n’a pas été détruit lors de la création du récent tronçon. Bien qu’une ouverture des deux dernières bretelles du diffuseur situé presque 500m en aval et une suppression de cet aménagement problématique permettraient de ne pas rompre la continuité de l’axe, les décideurs ne semblent pas faire ce choix.

Une brusque fin de voie rapide

Vue de la fin de voie rapide en direction de Lille. / Photo : Gaël Autier

Après le franchissement de ce carrefour giratoire qui « fait tâche » pour la plupart des automobilistes et routiers, les véhicules transitent finalement sur une nouvelle portion de voie rapide. Longue de quelques centaines de mètres, elle s’achève à l’entrée d’un petit bourg, juste avant lequel une piste cyclable provenant d’un délaissé de la traversée de Strazeele prend brusquement fin au milieu du flot routier. La limite de vitesse passe alors de 110 à 90, puis à 70 km/h, de quoi provoquer quelques accrocs lors du freinage qui s’effectue, de surcroit, dans une pente descendante.

À partir de cet endroit, les cyclistes téméraires, voitures, bus et poids-lourds sont contraints d’occuper une chaussée unique. Sur plus de 3 km, l’ensemble du trafic se croise, tant bien que mal, sur une portion sinueuse qui s’achève au niveau du diffuseur n°11 de l’A25. Pour les conducteurs, il s’agit alors de faire preuve d’une grande vigilance, le risque d’accident y étant élevé.

Pendant les périodes nocturnes ou hivernales, les collisions ne sont pas rares, et peuvent s’avérer mortelles, comme cela peut également être le cas sur le contournement d’Hazebrouck, où l’aménagement d’une deuxième chaussée, pourtant prévue, n’a jamais été réalisé jusqu’à aujourd’hui.

Vers la construction d’une voie express Strazeele – A25, mais …

Il y a quelques semaines, afin de donner un logique droit de réponse aux instances décisionnelles, nous avons sollicité le département du Nord. Interrogé sur l’avenir de la D642, le conseil départemental nous a répondu par e-mail. Voici son contenu.

Dans ce dernier, la collectivité annonce que des travaux pourraient être prochainement engagés, dans l’optique de la création d’une voie express entre Merris et Méteren. Le chantier devrait débuter en 2022, pour une mise en service à l’horizon 2025, si le plan de financement prévu par le conseil départemental est bouclé dans les délais.

… sans véritable continuité, et …

La structure actuelle du diffuseur n°11 de l’A25 devrait être préservée, rompant encore la continuité de l’axe Lille – Hazebrouck. Seul un rond-point sera aménagé à cet endroit. / Photo : Gaël Autier

Toutefois, si la création d’un tronçon neuf constituera une véritable avancée, il existera deux ombres au tableau. En effet, le rond-point situé à l’ouest de Strazeele devrait perdurer, comme la rupture de la continuité du réseau autoroutier entre l’A25 et la future voie rapide.

Selon les éléments qui nous ont été communiqués, aucune refonte majeure du diffuseur n°11 de l’autoroute n’est prévue. Seul l’aménagement d’un énième rond-point serait envisagé au niveau de la bretelle permettant la jonction vers Lille. Les brusques ralentissements connus à l’entrée du bourg « Bon bourgeois » ne seront que déplacés plus à l’est, au niveau de l’accès à l’A25.

… une rocade d’Hazebrouck à l’avenir flou

Sur la rocade d’Hazebrouck, le trafic s’écoule sur une chaussée unique. / Photo : Gaël Autier

Au sujet de la rocade d’Hazebrouck, et de sa chaussée unique, l’avenir est plus flou. Le conseil départemental explique que « le Département du Nord a décidé, dès le transfert de l’itinéraire par l’Etat, de porter le projet de doublement de la RD642 de Renescure jusqu’à l’A25. Les études sur le contournement d’Hazebrouck seront engagées prochainement ». Si la réponse est claire, l’horizon de réalisation, lui, ne l’est pas.

Les cyclistes, seconds bénéficiaires des futurs travaux

A l’issue des travaux, les cyclistes pourront circuler sur le futur itinéraire délaissé (à gauche). / Photo : Gaël Autier

En revanche, il est une amélioration ne devrait pas, non plus, être négligeable. Jusqu’ici reversés dans la dense circulation lors de la brusque fin de la voie cyclable reliant les hauteurs de Strazeele à la D642, les cyclistes bénéficieront d’un itinéraire apaisé. Lors de la construction de la future voirie, l’ancienne traversée de Strazeele, délaissée depuis la fin des années 1995, sera reliée au futur tronçon déconnecté de l’axe. Cette nouvelle route locale viendra compléter un itinéraire secondaire Bailleul – Hazebrouck, que pourront emprunter vélos, cyclomoteurs, voiturettes et rares véhicules agricoles, sans être contraints de passer dans les communes d’Outtersteene et Merris, où le relief est marqué et les routes étroites ou en mauvais état. En attendant le démarrage lointain du chantier, ils devront continuer de s’en contenter.

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