Grève générale : Le tournant redouté jeudi matin s’est confirmé dans l’après-midi à Lille où plus de 15.000 manifestants ont défilé

Des tensions sous-jacentes tout au long du parcours

Quelques minutes après le début de la manifestation, plusieurs centaines d’individus ont accouru en direction du Zénith Aréna situé non-loin du boulevard périphérique qu’ils ont tenté de gagner. Très vite, des tensions sont apparues entre les forces de l’ordre et certains contestataires. L’atmosphère est aussitôt devenue irrespirable en raison de l’emploi massif de gaz lacrymogène, qui ne les a pas empêchés de parvenir à près de 300 mètres de l’accès à la voie express (N356) qu’ils convoitaient. Aux abords du futur siège de la Métropole Européenne de Lille, boulevard des Cités-Unies, une nouvelle confrontation est survenue lorsque l’ordre a été donné aux manifestants de regagner l’itinéraire prévu.
Plusieurs arrestations et blessés

Face au regroupement de manifestants qui approchait progressivement des accès au boulevard périphérique, un cordon de CRS a été mis en place pour contrer l’offensive. Lors d’un heurt qui les a opposés au cortège sorti de l’itinéraire déclaré, des coups de matraque ont été assénés au visage de plusieurs personnes qui avaient pour objectif de passer outre le dispositif policier déployé. Nos équipes n’ayant pas pu observer ces actions au moment où elles se sont déroulées, il est impossible de se prononcer sur les circonstances de ces violences. Nous recherchons tout témoignages concordants, sérieux et détaillés de quiconque aurait assisté à la scène afin d’éclaircir les faits. Plus tard dans la journée, de nouvelles opérations de police ont été constatées en marge du cortège ; cette fois, afin de procéder à des interpellations dont les motifs ne sont pas connus. C’est dans des circonstances similaires qu’un projectile diffusant du gaz lacrymogène s’est retrouvé dans le système d’aération d’un bâtiment dans lequel l’air est devenu incommodant. Ce n’est pas la première fois que les forces de l’ordre, notamment la BAC (Brigade Anti-Criminialité), sont accusées d’outrepasser les règles qui régissent leurs fonctions.
Un calme inattendu

Malgré des violences, qui ne choquent plus lors de ce genre d’événements, constatées tout au long de l’après-midi jusqu’en soirée, le cortège s’est déroulé dans un calme plutôt déconcertant en comparaison avec ce qui était attendu.En effet, les casseurs se sont faits rares, et le rassemblement général, bien qu’il se soit scindé en différents groupes au début de la marche, a fini par se regrouper au niveau de la gare de Lille-Flandres. C’est ainsi que nous avons vu défiler l’ensemble des manifestants empruntant la rue Faidherbe, jusqu’à la Grand-Place, dans un climat pacifique inattendu. La cohésion entre les différents groupes de contestataires issus d’une hégémonie syndicale, de partis politiques d’opposition, du mouvement des « gilets jaunes » et du régionalisme flamand se ressentait. De quoi confirmer l’ampleur et l’étendue du mouvement de contestation qui secoue aujourd’hui la France et la région flamande.
Cependant, bien qu’elle ait commencé dans des conditions plutôt positives, la journée s’est achevée dans un regain de tensions. Des affrontements entre les forces de police et quelques individus radicaux ont eu une nouvelle fois lieu en fin d’après-midi lorsque l’attroupement a gagné la place de la République. Une ambiance relativement différente, en comparaison au pacifisme constaté tout le long de l’après-midi…