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Grève du 5 décembre : A la veille du mouvement social d’ampleur qui se profile contre la politique du gouvernement français, des grévistes témoignent

A l’hôpital d’Hazebrouck comme dans le reste de la région, la mobilisation s’annonce importante. / Photo : Florine Decool
Il n’y a pas que dans les transports en commun et sur les routes que les effets de la grève massive qui se déroulera demain (jeudi 5 décembre 2019) se feront ressentir. Afin de quantifier la mobilisation et la détermination des grévistes, nous nous sommes intéressés aux autres secteurs d’activité qui seront également touchés par ce mouvement de grande ampleur.
A ce titre, nous avons interrogé plusieurs grévistes qui vivent dans cette contrée rurale et ceux-ci nous ont relaté les raisons qui les poussent à cesser le travail à partir de ce jeudi. Ils sont tous issus de professions différentes, mais estiment tous être touchés par des réformes qu’ils jugent injustes, notamment celle des systèmes de retraites qui les incitera à travailler plus longtemps.

Ils travaillent dans les hôpitaux ou dans le privé, ils expliquent pourquoi ils feront grève à partir de demain

B.D., réceptionnaire en pharmacie hospitalière dans un centre hospitalier hazebrouckois (catégorie C), explique les raisons de son débrayage et de son opposition aux décisions récentes prises par le gouvernement français. Selon elle, demander aux salariés de travailler au-delà de 62 ans dans certaines professions difficiles est injustifié :

« Je suis gréviste parce que je travaille depuis l’âge de 18 ans dans des métiers assez difficiles, tels que la sidérurgie, la métallurgie et l’automobile. Ce qui fait que l’âge de départ de 62 ans est élevé, et travailler plus tard sera extrêmement difficile psychologiquement et physiquement, et engendrerait des arrêts maladie en cascade pour certaines personnes. Donc je manifeste parce que le projet du Gouvernement est de nous faire travailler plus longtemps, en touchant une retraite au rabais. »
– B.D., réceptionnaire en pharmacie hospitalière

Dans le sillage de sa collègue, B.G., infirmière dans le même hôpital et membre du CFTC expose les revendications portées par les personnels et organisations syndicales du secteur de la santé publique (hôpitaux, cliniques, pompiers) depuis quelques mois : Selon elle, la reconnaissance de la pénibilité des métiers, pourvue d’un départ anticipé à la retraite, l’engagement immédiat de « bras en plus », une reconnaissance des qualifications des professionnels garantissant une meilleure pension de réversion des retraites et une augmentation des salaires pourrait permettre d’améliorer la prise en charge des patients qui doivent souvent faire face au malaise croissant qui touche l’hôpital public.
Dans le privé aussi, les charges à l’encontre du gouvernement français sont nombreuses et souvent justifiées. Selon H.F., plombier, partir en retraite à l’âge de 62 ans est déjà éprouvant en raison de la pénibilité de son travail : 

« J’ai commencé à 16 ans, ai fait de l’apprentissage et je suis ouvrier. C’est un métier pénible, je suis fatigué et épuisé. Me faire travailler jusqu’à 62 ans, c’est déjà beaucoup trop long, mais au-delà, c’est impossible. »
– H.F., plombier

C.D., coiffeuse, évoque quant à elle la situation qui attend la jeune génération et leur future insertion qui serait rendue difficile par l’allongement de la durée de cotisation demandée aux actifs qui travaillent déjà :

​« Reculer l’âge de la retraite, tout en baissant les pensions, c’est donc premièrement, faire rentrer les jeunes plus tard dans le marché du travail parce que les seniors vont travailler plus longtemps, et ensuite baisser le niveau de pension des retraités ne ferait que les appauvrir. »
– C.D., coiffeuse

Les retraités également mobilisés

Si le nouveau mouvement de contestation qui émerge sera très suivi à partir de jeudi par les personnes actives et les étudiants, les retraités pourraient également se mêler aux nombreux cortèges de manifestations et aux actions concrètes prévues dans la région. S’estimant pénalisé par la politique menée par le gouvernement et le manque de communication dont il fait preuve, A.Y., retraité de 72 ans, explique pourquoi il est en colère, bien qu’il n’ira pas manifester :

« Je suis en retraite depuis maintenant 14 ans, après avoir cotisé pendant 44 ans pour carrière longue. Ma pension n’augmente pas ; au contraire, elle est plutôt à la baisse. J’ai reçu un courrier comme quoi je dois payer une franchise à l’Assurance Maladie, sans aucune raison. Après l’augmentation de la CSG (contribution sociale généralisée), et maintenant celle que je dois, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je suis diabétique de type 2, donc à 100 pour cent, pour cette maladie. L’Assurance Maladie me réclame la somme de 50 euros à payer, dans un délai de 30 jours. Au total, la somme totale s’élèvera à 106 euros. »
– A.Y., retraité

La politique et la communication gouvernementales pointées du doigt

Vous l’aurez compris, colère et incompréhension sont les maîtres mots qui sont énoncés avant la première journée de grève. Les arguments qui reviennent sont régulièrement les mêmes. Ils concernent l’épuisement moral (la nécessité de travailler jeune et partir à la retraite de plus en plus tard) et physique (difficultés à se déplacer et douleurs corporelles), mais aussi les jeunes et leur insertion tardive. Ce problème majeur est très souvent souligné par les grévistes qui fustigent le manque de communication dont fait preuve l’état. Les personnes qui sont ou seront concernées par les mesures s’estiment être peu renseignées sur les intentions immédiates et futures du gouvernement qui, selon eux, ne les représente plus.
Bien que la quasi-totalité des transports en commun seront à l’arrêt en raison du mouvement social, organisations syndicales et régionalistes flamand, qui prendront également part à la journée de manifestations, affrètent plusieurs autocars au départ de plusieurs villes de Flandre française (notamment depuis Armentières et Hazebrouck) afin que les grévistes puissent se rendre à Lille pour manifester. Au moins plusieurs milliers de personnes sont attendues dans les rues de la capitale des Flandres dans une tension qui est déjà palpable depuis quelques jours.

Publié le 04/12/2019 – 12:30
Par : Florine Decool
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