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Après l’allocution d’Emmanuel Macron, les flamands partagés

L’union demandée par Emmanuel Macron au début de la crise ne s’est pas formée. Près de 48 heures après sa dernière allocution, c’est même l’effet inverse qui semble se produire. En Flandre, comme ailleurs, les mesures annoncées ne font pas l’unanimité.

Au surlendemain de cette énième prise de parole, nombreux sont les flamands jugeant défavorablement sa prestation. Seule une minorité de la population se dit satisfaite. Mercredi matin, les avis étaient relativement concordants sur la plupart des sujets abordés lundi soir.

Une gestion de crise jugée mauvaise

Dès les premières minutes de la prise de parole, la fracture s’est ouverte entre opposants et soutiens au gouvernement. La reconnaissance, certes saluée, de « failles » et d’« insuffisances » dans la gestion de la crise et l’approvisionnement du pays en matériels de protection, n’a pas suffi à rassembler. Sur les réseaux sociaux, comme dans la société confinée, ses détracteurs ont massivement décrié un « amateurisme évident ».

Pour justifier leurs propos, beaucoup ont notamment rappelé les propos de l’ex-Ministre de la santé, Agnès Buzyn : « Ils savaient depuis le début, et ils n’ont rien fait. »,« Les décisions ont été prises avec plusieurs semaines de retard. On saura s’en souvenir », se sont exclamés de nombreux internautes qui, parfois, dénonçaient également le manque de réponse face au malaise qui s’est emparé des hôpitaux depuis plus d’un an. La fermeture de milliers de lits, et la réduction des moyens alloués à la santé publique constitue désormais une poudrière politique.

Toujours au sujet du contexte sanitaire, l’augmentation du nombre de tests est largement approuvée. Toutefois, la limitation de l’emploi de ces dépistages aux seules personnes présentant des symptômes suscite des réactions mitigées. Les flamands estiment majoritairement que seul un dépistage général permettra de dissiper les inquiétudes : « Pour faire accepter la mesure de confinement, on nous a martelé que la plupart des cas pouvaient être asymptomatiques. Comment voulez-vous qu’ils soient repérés, si les tests sont réservés aux personnes qui présentent des effets du virus ? » réagissait-on mardi dans les rues de Lille.

Quiproquo autour du 11 mai

Concernant la reconduction de la mesure de confinement, les réactions sont plutôt favorables, bien qu’elle soit de moins en moins respectée dans certains territoires. Cette fois, c’est de déconfinement qui a provoqué l’indignation. Dans les premiers instants de son discours, le Président a affirmé que l’épidémie n’était pas encore maîtrisée, avant d’avancer la date du 11 mai, en vue d’un possible déconfinement.

Ces propos ont été mal accueillis par des détracteurs qui y voient une incohérence. La nuance apportée à ce propos dans les dernières minutes de sa prise de parole n’aura pas été entendue. En effet, le chef de l’état français a corrigé son propos en estimant qu’il ne pouvait pas répondre avec certitude, et que la décision pouvait être revue en fonction de l’évolution de la situation. Le confinement pourra donc être reconduit au-delà. Seules les personnes âgées ou fragiles sont aujourd’hui certaines de devoir rester isolées après cette échéance.

Une rentrée très polémique

Jugée courageuse par ses partisans, et scandaleuse par une large majorité de commentateurs et acteurs, la réouverture des crèches, écoles, collèges et lycées constitue désormais une polémique majeure. S’appuyant sur les propos portant sur l’absence de maîtrise de l’épidémie, parents d’élèves, enseignants, ou encore personnels de l’Éducation Nationale jugent cette annonce « scandaleuse ». Pour les opposants à la politique gouvernementale, « il s’agit de remettre les gens au travail, et de faire garder leurs enfants par les professeurs, afin que l’économie reparte, et que les profits de certains soient préservés ».

La critique est également venue du milieu médical. Mardi après-midi, certains médecins exprimaient leur préoccupation face à la possible émergence d’une « deuxième vague » épidémique pouvant prendre sa source dans les établissements scolaires. Dans un rapport publié dimanche, l’INSERM déclarait redouter ce phénomène, en cas de manquements dans la gestion future de la réouverture du pays.

Les acteurs économiques sceptiques

Même dans le milieu économique, les annonces d’Emmanuel Macron sont accueillies avec de la réserve. L’instauration de mesures de chômage partiel et d’aides aux entreprises sont jugées insuffisantes par les parties prenantes des secteurs du tourisme, de la restauration et de l’hôtellerie. La fermeture des établissements étant prolongée jusqu’au milieu du mois de juillet, le début de la saison estivale semble très compromise ; de quoi inquiéter les gérants et employés du secteur. Des aides devraient leur être octroyées, mais aucune précision n’a été apportée.

Pour faciliter la relance de l’économie par la préservation du pouvoir d’achat, et éviter l’émergence d’un sentiment d’abandon au sein de la tranche la plus précaire de la population, un geste similaire devrait être effectué vers les particuliers. Le gouvernement précisera prochainement le détail des aides financières qui seront apportées aux familles modestes et étudiants précaires. Cette mesure, bien accueillie, n’occulte pas les défaillances et manquements, précédemment cités, contre lesquels de plus en plus de voix s’élèvent. Une crise politique et sociétale suivra-t-elle celle du Coronavirus ? C’est la question qui taraude désormais de nombreux observateurs.

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