Ligne du Westhoek : Les élus mobilisés mardi matin pour réclamer une rénovation de la gare d’Armentières
La ligne ferroviaire qui relie la capitale des Flandres à la mer du Nord n’en finit plus de faire parler d’elle et le torchon brûle de nouveau entre les élus locaux et la SNCF. Après le conseil régional, c’est au tour des élus de l’armentiérois de partir en croisade contre le transporteur public.
Le maire d’Armentières dénonce un « deux poids, deux mesures »
Mardi matin, des conseillers municipaux d’Armentières (Armentiers) et de communes limitrophes se sont rassemblés pour demander une modernisation de la gare. D’abord réunis sur le parvis, les manifestants, monsieur le maire en tête, se sont ensuite dirigés vers le lieu de toutes les colères : Un passage planchéié et l’entrée d’un souterrain vétuste.
Face à eux, la SNCF a expressément dépêché trois représentants, dont le directeur régional des gares Hauts-de-France et Normandie. Durant de longues minutes, Baptiste Oberlin a exposé les diverses solutions qui étaient actuellement étudiées pour pallier la situation. Au cours de son échange avec Bernard Haesebroeck, il annoncera notamment l’engagement d’une étude précise en 2023, avant l’entreprise potentielle de travaux « par phases » prévue en 2026 pour une livraison en 2028. Un délai trop long pour le maire de la ville qui pointe un « état général (…) déplorable », des aménagements « d’un autre âge » et une lenteur excessive des procédures. « J’ai eu la même réponse en 2017 et 2020 », détaille l’élu qui dénonce un « deux poids, deux mesures » face à d’autres gares et « un niveau de service (…) indigne d’une gare de cette importance ».
Des problèmes liés au financement ?
Pour justifier les délais importants quant à une rénovation de la seconde gare de la métropole lilloise en termes de trafic (1 million de voyageurs par an ndlr), les représentants de la SNCF évoquent notamment des problèmes liés au financement. « Il faut d’abord étudier les différents scénarios avec la Région, l’Etat, les villes et la Métropole Européenne de Lille », avance le mandaté de « Gares&Connexions ». « Ensuite, il faudra évoquer le financement », conclut-il. Une réponse qui ne satisfera ni le maire qui doute de sa franchise, ni Michel Plouy, conseiller départemental, qui suggère de maintenir la pression « comme une piqûre de rappel » en organisant « une manifestation annuelle » jusqu’à la fin du chantier de mise en accessibilité.
Outre les élus, le rassemblement comptait aussi quelques usagers. Parmi eux, Cindy Szczepaniak, atteinte d’une maladie chronique imprévisible qui la contraint parfois à devoir se déplacer en fauteuil roulant. Ne pouvant pas prévoir les périodes de crise, elle ne peut donc pas prendre rendez-vous deux jours avant son passage en gare pour se faire ouvrir les portails qui desservent les quais. « J’ai déjà dû appeler les pompiers pour qu’ils me transbordent », confie-t-elle à Baptise Oberlin qui se dit désolé de cette situation. Là encore, la réponse de la SNCF ne trouve pas satisfaction auprès de celle qui avait lancé une pétition en 2019. « J’ai l’impression que la SNCF ne s’y intéresse que maintenant, après l’action coup de poing des politiques. Une étude en 2023 ? (…) Ça me paraît vraiment loin (…) Les usagers n’ont pas fini de galérer ».
Des gares vétustes et une colère latente en Flandre
Au-delà de l’armentiérois, cette situation trouve aussi écho dans d’autres communes. Sur l’ensemble de la ligne, les équipements vieillissants voire vétustes se détériorent et la modernité ne semble pas vouloir s’installer. Car si la SNCF a récemment entrepris des travaux dans plusieurs gares, dont celles de Bailleul (Belle) et Hazebrouck (Haezebroek), ces derniers restent souvent incomplets et les autres points d’arrêt à l’abandon. C’est notamment le cas à Arnèke (Arneke) où une adolescente de 14 ans a trouvé la mort au moins d’août, percutée par un TGV alors qu’elle traversait les voies. Une situation ubuesque pour certains élus du territoire de Flandre intérieure qui pourraient prochainement se joindre à ceux de la vallée de la Lys pour demander « des efforts à la SNCF, mais aussi à la région ».
La région appelle la Métropole Européenne de Lille à la saisir
En face, le vice-Président du conseil régional chargé des mobilités et infrastructures de transport se dit pleinement mobilisé sur le sujet. « C’est un dossier dont j’ai entendu parler depuis quelques temps. J’avais eu le maire (d’Armentières ndlr) en janvier 2022 et le problème c’est que le maire ne savait pas trop ce qu’il voulait », rétorque Franck Dhersin, qui donne un accord préalable quant au financement d’aménagements entre Lille (Rijsel) et le Westhoek. Concernant le dossier brûlant du jour, l’élu dit attendre que la Métropole Européenne de Lille saisisse d’elle-même les instances régionales à la demande de la mairie d’Armentières.
« Nous on dit toujours oui, mais il faut qu’on sache qui fait quoi, quel est le projet et combien ça coûte »
Franck Dhersin, vice-Président du conseil régional des Hauts-de-France
Concernant les travaux nécessaires à la sécurisation de la gare d’Arnèke, Franck Dhersin pointe « un problème de sécurité en gare qui est un problème de la SNCF », mais dit œuvrer sur le dossier. « On a appris qu’il y avait un projet qui était en cours et que les travaux débuteraient en 2026 », précise-t-il, avant d’ajouter que le conseil régional avait demandé qu’un agent vienne « protéger le passage en attendant les travaux ». « Ce n’est pas la région qui intervient, mais la SNCF » finit-il par conclure. Dans les prochaines années, seule une mobilisation croissante des élus, mais aussi des usagers et des riverains exaspérés devraient contraindre l’Etat et la SNCF à sortir d’un immobilisme tenace.